Ancienne Mine Pilou - Commune de Poum - Province Nord
Ancienne Mine Pilou - Commune de Poum - Province Nord - Vue d'ensemble
A propos de ce site
Mine de Pilou (Poum) : Synthèse historique
1. Aperçu général
La mine de Pilou, située sur la commune de Poum (nord de la Nouvelle-Calédonie), constitue un exemple majeur d’exploitation minière couplée à un dispositif pénitentiaire colonial, unique par l’ampleur et la structuration de ses infrastructures bâties.
2. Historique et exploitation industrielle
Découverte : Enregistrée le 22 octobre 1884 par Louis Equoy, puis rachetée par John Higginson (décembre 1884), avec l’entrée au capital de Louis Pelatan dès 1886.
Première exploitation (1886-1891) : La « Société des mines du Nord de la Nouvelle-Calédonie » (Higginson/Pelatan) engage une centaine de forçats, puis 20 mineurs français, dans l’exploitation manuelle du minerai et la construction des premières infrastructures (fours à réverbères, voie ferrée vers le Diahot).
Cycles de relance et d’abandon (1897-1930)
Reprise par l’International Mining Corporation Ltd (groupe anglais) en 1897-1899, 200 forçats employés, creusement d’un puits de 210 m, construction de voies ferrées Pilou–Dilah et Pilou–Ao (via tunnel sous la crête).
Série de rachats familiaux après 1902, puis dernière relance en 1927 sous la Société des mines du Diahot (réactivation de la mine, modernisation de l’usine hydroélectrique de Tao, fusion du minerai par fours électriques).
Déclin : Effondrement du cours du cuivre après 1929, cessation progressive de toute activité industrielle à partir de 1931. Brève réactivation lors de rachats par des intérêts japonais (1936), puis tentatives de prospection dans les années 1970 et 1990, toutes sans suite.
3. Un bagne industriel intégré à l’exploitation
La particularité du site de Pilou réside dans l’édification, dès 1886, d’un bagne en dur spécifiquement dédié à l’exploitation minière, unique dans la région.
Main-d’œuvre pénitentiaire
Les deux premières sociétés exploitantes (1886–1900) reposent massivement sur la main-d’œuvre pénale, sous le régime des « contrats de chair humaine ».
Jusqu’à 200 forçats sont présents à Pilou durant les périodes les plus intenses d’activité.
Les forçats sont engagés dans tous les travaux : extraction du minerai, tri, manutention, construction des infrastructures, gestion des fours, entretien du site.
Après 1907, la main-d’œuvre pénitentiaire est progressivement remplacée par des travailleurs libérés ou engagés.
Organisation du bagne
Un véritable « camp pénitentiaire » est construit en dur, sur la colline faisant face à l’exploitation, comprenant :
- Bâtiment cellulaire : édifice rectangulaire en pierre et brique (daté de 1890), comprenant 8 cellules individuelles, et 2 cellules collectives ;
- Deux postes de garde, dont un à deux niveaux ;
- Dortoir des forçats, équipé d’anneaux pour chaînes et fenêtres à barreaux ;
- Maison des officiers : résidence surplombant le bagne et l’ensemble du site ;
- Citerne d’alimentation, esplanade pour l’appel quotidien, cuisine.
Le rapport d’état des lieux détaille la fonctionnalité carcérale et la vie quotidienne au bagne : travail forcé, enfermement nocturne, discipline stricte, pénibilité des conditions.
Emprise du bagne sur l’organisation du site :
La présence du camp pénitentiaire structure le site : le bagne contrôle la main d’œuvre, la surveillance et la sécurité, au cœur même de la logique de production.
La main-d’œuvre pénale permet le développement de l’ensemble des infrastructures minières et logistiques, notamment la création de voies ferrées et la gestion des transports.
4. Héritage, vestiges
Les vestiges (état 2005) sont remarquables par leur ampleur et leur diversité :
- Zone administrative, bureaux, boulangerie, laboratoire, maisons d’ingénieur et de directeur ;
- Secteurs d’exploitation : galeries, puits, centrale à vapeur, bassins de décantation, chemin de fer ;
- Ensemble pénitentiaire (bagne) : bâtiments carcéraux, dortoirs, postes de garde, maison des officiers, citerne ;
- Divers ouvrages disséminés sur plusieurs hectares (fours à chaux, barrage, ponts, tunnel Pilou–Ao).
Le site de Pilou constitue ainsi un ensemble patrimonial unique en Nouvelle-Calédonie, exemplaire de la rencontre entre histoire minière, colonisation et système pénitentiaire.
Sources
Le-Nôtre F., « État des lieux Mine Pilou – Commune de Poum », Province Nord, 2005.
In Memoriam – La Société des mines du Nord de la Nouvelle-Calédonie, 2012.
In Memoriam – Inventaire des sources archivistiques, historiques et bibliographiques concernant Pilou, 2012.
Points clés
- 1885–1891 : Société des Mines du Nord de la Nouvelle-Calédonie (Higginson, Pelatan), exploitation intensive avec main d’œuvre pénale et infrastructures nouvelles.
- 1895–1902 : Reprise par l’International Copper Corporation (capital britannique, London and Globe Finance), poursuite de l’exploitation avec modernisation du site et maintien de l’usage des forçats.
- 1907–1910 : Relance sous la Société Calédonienne des Mines (héritiers Higginson), tentative de modernisation, mais abandon progressif du modèle pénitentiaire.
- 1927–1936 : Dernière relance par la Société Minière du Diahot, dans un contexte post-pénitentiaire et avec une diversification de la main d’œuvre.
- 2005 : Diagnostic et inventaire
- 2013 : Classement au titre de Patrimoine du pays (équivalent Monument Historique)
Galerie photos
Mines de "La Pilou" (Nouvelle-Calédonie), fin XIXᵉ siècle — Vue panoramique du complexe minier montrant l'organisation spatiale de l'établissement. Au premier plan, la zone des ateliers et du laboratoire se caractérise par un imposant hangar abritant l'arrivée et le départ de la voie ferrée reliant le site à Port Pilou. L'aménagement industriel comprend des installations de traitement du minerai disposées de manière méthodique. Sur les hauteurs, la zone résidentielle se compose de bâtiments distincts : à gauche, la maison du directeur, et à droite, la maison de l'ingénieur, dominant l'ensemble des installations minières.
Source : Archives de la Nouvelle-Calédonie. Cote : 2 NUM 12-98.
A propos de cette galerie
Cette galerie présente des documents d'archives et les différentes phases des travaux de restauration et met en valeur les détails architecturaux remarquables de ce site patrimonial.
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12 images disponibles
Documentation technique
Plan (2 documents)
Diagnostic (1 document)
Localisation géographique
En Nouvelle-Calédonie
Position du site sur la carte de Nouvelle-Calédonie
Détail
Carte détail de la localisation
Acteurs du projet
Site
Ancienne Mine Pilou
Numéro de classement
369 PN du 19 09 13
Propriétaire
Domaine Public
Maître d'ouvrage
Province Nord
Maître d'oeuvre
COPABA
Lots
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